J’avais 8 ans

J’avais 8 ans et ma professeure de troisième année a annoncé que nous devions rédiger une histoire avec un renard comme personnage principal.

Déjà à cet âge, ma créativité était débordante et sans plus tarder, j’ai commencé à griffonner dans mon cahier canada.
Une page, deux pages… huit pages !

Autour de moi, mes amis avaient terminé l’exercice avec une seule feuille… ou même avec seulement quelques lignes !

J’étais confuse : Comment peut-on écrire une histoire en utilisant si peu d’espace ?

Carl, mon voisin de bureau, s’était exclamé : Wow ! tu as écrit plein de mots !

J’avais haussé les épaules pour continuer mon récit. Si lui était impressionné, moi je le jugeais avec ses neuf phrases !

Je n’avais pas de plan, je laissais mon crayon danser et j’inventais au fur et à mesure.
L’histoire m’habitait !
Ce moment est gravé dans mon cœur, il représente un pilier dans ma vie. 
Ce jour-là, l’écrivaine est née en moi.
Quand je ferme les yeux, ma fierté d’avoir écrit « tout ça » est encore palpable.

Malheureusement, le souvenir de ma professeure me regardant d’un air suspicieux tout en me demandant si j’avais copié une histoire de la maison est aussi très présent.

On n’oublie pas ce genre de chose.

Tout au long de mon parcours scolaire, j’excellais dans les communications écrites. 

La limite de mots m’était toujours un défi, je me rendais à chaque fois au maximum permis !
Pourtant, je n’ai pas continué dans cette voie. La peur du manque m’a forcée à déposer ma plume. 

Mon grand frère me disait : si tu deviens écrivaine, tu vas vivre dans un appartement avec des rats !
J’ai donc suivi un autre parcours, et c’est comme ça. 

C’est la vie.

Mais savez-vous quoi ?
De tous les travaux scolaires, de tous les bricolages, de toutes les paperasses accumulées par mes parents au fils des ans, je n’ai conservé qu’une seule chose.

Mon histoire de « Rourou et Lisa-Marie qui font un bonhomme de neige. »

Sans le réaliser, je me suis accrochée au moment où mon étincelle a brillé pour la première fois.
Sans le savoir, de logement en logement, de maison en maison, je déménageais un rêve refoulé.

Aujourd’hui, plusieurs choses me viennent en tête lorsque je tiens ce devoir dans mes mains.

Mais la plus importante est un désir sincère que tous les enfants du monde aient la chance d’alimenter leur feu. Je souhaite que rien, pas même les rats imaginaires de leur fratrie ne les découragent !

On dit qu’il n’est jamais trop tard… c’est donc 28 ans après cette première rédaction que je publie mon deuxième roman.

C’est quand même beau la vie, non ?

Merci pour ta lecture, si elle t’inspire, je t’invite à la partager.

Avec tout mon amour, 

Marie-Michelle XXX


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3 commentaires sur « J’avais 8 ans »

  1. Ouf, ça me rejoint, ça! Moi aussi j’avais toujours de la difficulté à respecter la limite de mots… Souvent je dépassais, et je devais en enlever!

    Personne ne m’avait parlé de rats, mais ma mère me disait: si tu deviens écrivaine, tu vas être pauvre. J’ai décidé d’écrire quand même… et je suis effectivement pauvre. Mais au moins j’ai suivi mon rêve, et je ne le regrette pas!

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      1. Aw, cool! J’espère que tu aimeras ta lecture! 😁

        Et bon, il faut dire que j’ai perdu ma job et que mes recherches ne donnent pas grand-chose, donc je me sens encore plus pauvre que d’habitude ces temps-ci…!

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