Dernièrement, je vous ai raconté d’où m’était venu l’inspiration pour ma série de livre... que ça venait d’une drôle de routine pour m’endormir… Celle de faire l’inventaire de ce que je devrais apporter si je devais quitter la maison précipitamment!
Après cette confession, je trouvais naturel de vous offrir le chapitre où Gabrielle doit se mettre à l’abri avec son fils de quatre ans.
P.S. Oui, si je devais me sauver, j’apporterais une poule avec moi!
Bonne lecture!
Chapitre 5 – Notre côté du mur
Debout au milieu du salon, les yeux rivés sur la radio, je peine à y croire. C’est sûrement une mauvaise blague. Il veut sans doute semer la panique pour s’accorder de la puissance.
Les technologies de guerre n’existent plus, tout ceci est impossible.
Mais Alain y croit, il nous a sommés de fuir. Son poste au gouvernement lui a probablement donné des informations que je ne détiens pas.
Et si c’était vrai ?
Le président de l’Ouest détruirait nos maisons parce qu’on a offert d’accueillir ses citoyens ? C’est un peu démesuré, non ?
Il est complètement dérangé.
Zach laisse tomber son assiette au sol, je sursaute. Sur le moment, j’ai cru à une explosion.
— Oups… je voulais la laver.
Mon cœur bat la chamade. Mon beau-père a raison, on doit partir.
Maintenant.
Il n’y a pas de temps à perdre.
Alors pourquoi est-ce que je ne bouge pas ?
Qu’est-ce qu’il a dit, déjà ?
De l’eau.
Je m’empresse de remplir les deux gourdes en métal que j’ai échangées contre dix-huit œufs à Zoé, la marchande ambulante.
À bien y penser, cette femme me fascine. J’ignore comment elle y parvient, mais elle apporte toujours une quantité incroyable d’objets de l’Ancien Monde ou de l’Ouest. J’adore lorsqu’elle s’arrête dans notre quartier pour fouiller dans son sac.
OK, de l’eau, quoi d’autre ?
De la nourriture.
J’ouvre la glacière.
Mauvaise idée. Les produits frais ne tiendront pas.
— Maman, quoi tu fais ?
Je vide le coffre de vêtements sur le sol et l’apporte dans la cuisine.
— Maman, pourquoi tu cours partout ?
Céréales, flocons d’avoine, un reste de pain, des galettes. Je lance tout ce que je trouve à l’intérieur.
— Maman, écoute-moi ! MAMAN !
— Quoi ?! Tu vois bien que je suis occupée !
Il fronce les sourcils ne comprenant pas la raison de mon agitation, d’autant plus que je ne crois pas lui avoir déjà parlé sur ce ton. Il me regarde d’un drôle d’air, comme s’il essayait de déchiffrer une énigme.
— Je peux t’aider, maman ?
Je respire. Je n’aurais pas dû crier.
— Oui. On part en voyage. C’est génial non ? Je m’occupe des bagages. Toi, va chercher ton sac et remplis-le de tes jouets préférés. Reviens me voir quand tu auras fini.
Il fait un signe de tête et disparaît en gambadant pour accomplir sa mission.
Bon, où en étais-je ?
La nourriture.
Je n’arrive pas à réfléchir tant la peur et l’angoisse me tenaillent.
Gabie. Contrôle-toi, le temps file.
Tu pars en voyage avec Zach. Qu’est-ce que tu apportes ? De l’eau, des denrées, quoi d’autre ?
Un éclair jaillit dans mon esprit : l’ensemble de camping ! Je fonce vers la remise et extirpe le coffre poussiéreux.
Assiettes, casserole, couteau suisse, allumettes, corde. Parfait.
De retour dans la cuisine, mon regard scrute l’armoire à la recherche de tout ce qui pourrait nous être utile.
Pour mes nerfs, j’attrape la bouteille de whisky et la balance sur la pile de provisions.
— Maman ! J’ai fini mon sac !
—Bravo mon grand. Maintenant, on a besoin d’être confortable.à
— Des oreillers !
— Bonne idée ! Va les chercher, je m’occupe des couvertures.
Sur la plus haute étagère, la catalogne de ma grand-mère repose sous des vêtements hors saison. Mes doigts l’effleurent à peine. Si Maxime était là, il m’aurait regardée en riant, se moquant de ma petite taille.
Je rage contre son absence. S’il m’avait écoutée, il ne serait pas parti et on serait ensemble. Il n’aurait eu qu’à tendre le bras pour attraper cette stupide couverture.
Tout en le maudissant, je sautille et réussis à saisir un coin du tissu que je tire avec force. Du coup, toute la pile s’effondre sur ma tête.
Je m’en serais passé.
Dans le désordre au sol, je retrouve mon vieux sac à dos d’apprentie-bûchettes. À l’époque, je désirais vivre dans la forêt, gérer les ressources et protéger notre planète.
Puis, j’ai rencontré Maxime et mes priorités ont changé.
15 h 45.
Le temps ne ralentit pas.
J’attrape quelques vêtements et remplis le sac à la hâte avec les essentiels : dessous, pantalons, chandails.
Ça y est. On a tout.
Je transfère les boîtes dans la voiture et ferme le coffre.
On est prêt.
D’un geste rapide, j’attache Zach à l’arrière.
— Maman, qui va s’occuper des poules pendant le voyage ?
Mes poulettes!
Si elles ne meurent pas dans l’attaque, elles mourront de faim… Les pauvres !
Sans perdre une seconde, je cours jusqu’au poulailler pour les libérer. Elles sautillent à mes pieds avec l’espoir de recevoir des queues de fraises.
— Je suis désolée, c’est fini les filles ! Fuyez !
Mon regard s’attarde sur le pondoir. Une poule, c’est un œuf par jour.
Un œuf par jour.
Je ne fais ni une ni deux et me précipite dans la remise à la recherche de la vieille cage à oiseaux qui date de… je ne sais plus quand. Maxime a déjà reçu un pinson en cadeau.
Je ne peux m’empêcher de penser que j’aurais eu beaucoup d’objets à échanger si on était restés ici. C’est quand même ironique, je voulais épurer ma vie et bientôt, tout ce que je possèderai entrera dans ma caravane !
J’attrape l’une des poules et en une fraction de seconde, elle se retrouve dans sa nouvelle maison, attachée au banc de la voiture.
— Joséphine vient avec nous ?
Comment fait-il pour savoir laquelle est Joséphine ou Brenda ? Elles sont identiques !
— Oui, demain matin on pourra manger son œuf !
16 h 15.
Je me permets de regarder une dernière fois ma maison. Ma petite demeure, sécuritaire, située dans le quartier de l’hôpital.
« Un jour, on sera reconnaissants de vivre si près de la clinique », avait clamé Max. « On ne sait jamais. Parfois, tout se joue en quelques secondes. »
Ça avait été son argument pour me convaincre de nous établir dans ce quartier. La sécurité, l’accès rapide à l’hôpital. De mon côté, l’endroit m’importait peu, alors j’avais accepté. Tant que j’étais avec lui, j’étais heureuse.
Cédant à l’impulsion d’un dernier au revoir, je retourne à l’intérieur de la maison. Elle est belle, lumineuse et chaque pièce vibre de souvenirs. Zach a fait ses premiers pas ici, dans le salon.
Dans la cuisine, mon mari m’a donné mille et un baisers.
Ici, on a trop bu de whisky, on a rigolé, on a dansé.
Sur le meuble ttrône ma photo de famille préférée. Étrangement, le cadre doré donne l’impression de briller plus que d’habitude. Je ne peux m’empêcher d’admirer le portrait. Zach est juché sur les épaules de son père et rit aux éclats. Max fixe la caméra avec ses yeux verts. Qu’il est beau ! Sa barbe est fraîchement rasée et ses cheveux décoiffés, probablement par Zach. Sur le cliché, je les regarde en souriant tout en tenant la main de mon mari. Des mains ordinaires. Ni trop grandes, ni trop petites. Mais douces.
Combien de fois me suis-je endormie en sentant ses doigts caresser mon dos ?
16 h 30.
Laisser la photographie au triste sort qui l’attend me semble injuste. Avant que le moindre doute ne me retienne, je l’attrape et la glisse dans mon sac.
Elle décorera notre future maison.
J’espère que cet extrait aura piqué ta curiosité! Pour découvrir la suite (ou le début!), je t’invite à te procurer mon roman disponible dans ma boutique en ligne.
À bientôt!
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Un avis sur « Se mettre à l’abri – Extrait du Dernier continent, tome 1 »